En savoir plus

Jeudi 29 février 2024

François Bareille présentera “Strategic pesticide applications in organic-conventional mixed landscapes”, co-écrit avec Jean-Sauveur Ay (CESAER) et Vincent Martinet (PSAE).

Résumé :

Les agriculteurs biologiques et conventionnels sont confrontés aux mêmes ravageurs, mais disposent d’outils et d’incitations hétérogènes pour les contrôler. Cet article vise à caractériser théoriquement et empiriquement les interactions stratégiques pour lutter contre les ravageurs qui se produisent entre ces deux types d’agriculteurs. Plus précisément, nous développons un modèle de théorie des jeux avec deux agents hétérogènes confrontés au même mal public pour dériver des propositions théoriquement cohérentes liées aux impacts de leurs caractéristiques spécifiques sur leurs efforts de lutte antiparasitaire respectifs. Nos analyses indiquent que les agriculteurs biologiques sont susceptibles de profiter des contributions des agriculteurs conventionnels lorsqu’ils gèrent une plus petite partie du paysage, et vice versa. Ces interactions stratégiques sont théoriquement exacerbées lorsque l’exposition à l’abondance des ravageurs diminue, ou lorsque l’hétérogénéité de l’efficacité du traitement ou des gains attendus entre les deux agents augmente. En utilisant des données françaises exhaustives sur les achats d’insecticides contre le vecteur d’une maladie particulière de la vigne (Flavescence dorée), nous fournissons des supports empiriques pour toutes ces propositions. Nos estimations privilégiées indiquent que les agriculteurs biologiques profitent des efforts des agriculteurs conventionnels jusqu’à ce qu’ils représentent environ 6 % du paysage. Au-delà de ce seuil, les efforts des agriculteurs conventionnels diminuent et sont partiellement remplacés par ceux des agriculteurs biologiques (par un facteur 0,8 pour 1). Les agriculteurs conventionnels commencent finalement à se débrouiller lorsque les agriculteurs biologiques gèrent 72 % du paysage. Ces résultats sont robustes à plusieurs analyses de sensibilité. Enfin, nous montrons empiriquement que les comportements de conduite libre des agriculteurs disparaissent presque pour une abondance élevée de ravageurs, et que l’hétérogénéité de l’efficacité du traitement et les gains attendus entre les agriculteurs affectent leurs interactions stratégiques.